Je n’arrive pas à comprendre que l’éditeur n’ait pas traduit le titre de cette série en français, ou, tout du moins, n’ait pas repris le titre anglais tel quel, plutôt que d’y inclure une faute de grammaire monstrueuse, mais passons…
J’ai déjà eu l’occasion par deux fois de vous parler d’Hinako Takanaga, à propos de la série Little butterfly et du one-shot Liberty liberty, et de vous dire qu’elle est ma mangaka préférée pour les yaoi. The tyrant who fall in love est la série avec laquelle je l’ai découverte, et celle que j’aime le mieux.
Ce manga fait suite à Rien n’est impossible, qui a été la première série publiée par Hinako Takanaga, en 1997 (elle est parue en 2010 en France). Rien n’est impossible raconte l’histoire d’un jeune étudiant naïf, Tomoe Tatsumi. Celui-ci, alors qu’il se rend à un concours d’entrée dans une université, rencontre par hasard un employé, Mitsugu Kurokawa, qui lui propose de l’héberger pour la nuit. Par chance, le naïf Tomoe est tombé sur quelqu’un de bien mais, lorsqu’il accepte de loger chez Kurokawa pour étudier à Tokyo, il ne s’attend pas à l’engrenage dans lequel il a mis le doigt : Kurokawa est tombé amoureux de lui et ambitionne de lui faire partager ses sentiments. Comme dans beaucoup de mangas, les parents de Tomoe sont absents : la mère est morte et le père est en voyage à l’étranger. Cependant, Tomoe a un grand frère bien décidé à le protéger, Sô-Ichi, irascible, autoritaire et homophobe. Il n’aime pas du tout Kurokawa et fera son possible pour le séparer de son petit frère, en vain. Sô-Ichi, étudiant-chercheur, s’épanche souvent auprès de Tetsuhiro Morinaga, qui étudie dans la même université et l’assiste dans ses recherches. Il ignore que Morinaga est homosexuel et secrètement amoureux de lui depuis des années. Un jour, ce dernier n’y tient plus et embrasse Sô-Ichi. Cet épisode se déroule à la fin de Rien n’est impossible.
The tyrant who fall in love, publié à partir de 2005 au Japon et de 2010 en France, est centrée sur Sô-Ichi et Morinaga, bien que les autres personnages de Rien n’est impossible y fassent quelques apparitions. L’histoire débute un an plus tard, année pendant laquelle Sô-Ichi a décidé de faire comme si de rien n’était et d’oublier ce qui s’était passé. Mais un ami de Morinaga, lassé que celui-ci souffre sans espoir, lui donne un flacon contenant une boisson aphrodisiaque. Morinaga hésite à le jeter, et finit par l’oublier au fond d’un placard. Un soir de beuverie, Sô-Ichi fouille dans les affaires de Morinaga, déniche la bouteille et la boit. Morinaga hésite, puis décide de profiter de cette occasion inespérée pour abuser de son ami. Evidemment, le lendemain Sô-Ichi et furieux et, dans sa colère, déclare à Morinaga qu’il ne veut plus le voir. Celui-ci décide de quitter l’université pour essayer d’oublier Sô-Ichi. Mais (il y a forcément un mais, sinon il n’y aurait pas de série!) Sô-Ichi se rend compte au bout de quelques jours qu’il ne veut pas perdre celui qu’il considère comme son ami. Il le retrouve et lui demande de rester, et consent pour cela à lui accorder quelques faveurs.
C’est ainsi que débute pour Morinaga un nouveau calvaire, Sô-Ichi continuant à se montrer, la plupart du temps, distant et odieux. De son côté, Sô-Ichi se pose des questions existentielles et fait tout son possible pour éviter de se le poser et, plus encore, d’avoir à y apporter des réponses.
Ce que j’aime bien chez Hinako Takanaga, c’est qu’elle fait un effort pour créer des intrigues qui tiennent la route et qui soient plausibles, et qu’elle s’intéresse à la psychologie de ses personnages. Il n’est pas question pour Sô-Ichi de retourner brutalement sa veste : il est confronté à un dilemme, entre perdre son ami et accepter un amour qui lui répugne, et c’est une situation douloureuse pour lui, qu’il s’efforce d’évacuer.
Autre point que j’apprécie : elle joue avec les codes habituels du yaoi. Sô-Ichi, coléreux et tyrannique, correspond au stéréotype du seme (partenaire actif) tandis que Morinaga, patient, attentionné et dévoué, correspond à celui du uke (partenaire passif). Et pourtant, lorsqu’il s’agit de sexe, les rapports s’inversent complètement, Sô-Ichi, avec ses cheveux longs, étant même dessiné sous une apparence plus effeminée, tandis que Morinaga, qui prend de l’assurance lorsqu’il se laisse guider par ses désirs, est diablement sexy. Ai-je déjà dit que j’aime beaucoup la façon dont Hinako Takanaga dessine ses personnages, Morinaga étant pour le moment, à mes yeux, le plus réussi toutes séries confondues?
Outre le soin apporté à la dimension psychologique, j’aime le mélange d’humour et de sensualité des mangas de Hinako Takanaga. Si certains de ses mangas sont très chastes et très fleur bleue, comme Rien n’est impossible, qui ne m’avait pas emballée, l’érotisme est beaucoup plus présent dans d’autres, tels que The tyrant who fall in love. Même si les scènes de sexe sont beaucoup moins explicites et perverses que chez d’autres mangakas que j’ai pu lire, et sont souvent empreintes de tendresse et de fraîcheur, elle est cependant l’un des auteurs de yaoi que je trouve le plus érotique, car elle excelle, à mes yeux, à créer et entretenir une tension sexuelle.
L’histoire de Sô-Ichi et Morinaga a pris fin avec le huitième tome de The tyrant who fall in love, qui est sorti en juillet. Néanmoins, dans la postface, l’auteur annonce que, si ce tome marque la fin de la série, elle n’en a pour autant pas fini avec ses deux héros, et j’attends avec impatience de pouvoir lire la suite de leurs aventures! En attendant, j’ai repéré que la publication d’un one-shot de Hinako Takanaga, Turning point, est annoncée pour le mois d’octobre et j’espère y trouver de quoi satisfaire mon côté midinette!
The tyrant who fall in love
Hinako Takanaga
Editions Taifu Comics
Collection Yaoi
8 volumes (série finie)
Pour public averti
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