Cette fois encore, Josselin Manoury m’a très gentiment envoyé son nouvel ouvrage. Après une incursion dans le domaine du roman avec le précédent, celui-ci renoue avec les nouvelles. Dans ce recueil, les nouvelles ont la particularité originale d’être reliées par un fil rouge : une chaussette orpheline joue un rôle dans chacune d’entre elles.
Si j’ai, une fois de plus, apprécié l’écriture de Josselin Manoury, j’ai néanmoins été un peu moins séduite par cet opuscule que par les précédents. Cela peut tenir à plusieurs raisons. D’une part, je connaissais déjà une partie des nouvelles, et notamment celles que j’ai préférées dans le volume. D’autre part, dans certaines d’entre elles, les situations et les personnages ne m’ont pas « parlé » : je n’ai pas cru aux premières et suis restée indifférente aux seconds.
Il y a néanmoins quatre nouvelles sur lesquelles j’ai envie de revenir, car elle m’ont particulièrement plu, pour des raisons très diverses.
Poissine raconte simplement une soirée d’un homme dont le couple va mal, et qui finit par se masturber dans le lit conjugal. En dépit du sujet très simple et banal, j’ai été touchée par cette homme et le ton de la nouvelle m’a semblé très juste. Peut-être parce qu’elle m’a évoqué des souvenirs.
L’intrigue de Valet de nuit est plus étonnante : une femme, entraînée par son amant dans un club libertin, y partage des moments d’intimité avec un homme. Une fois son couple détruit, elle se souvient de cet homme et le recontacte. Cette fois encore, j’ai trouvé émouvante cette histoire qui aborde les difficultés du couple et de la vie, les difficultés qu’il y a à se reconstruire, mais dans une optique positive. Et j’ai bien aimé le mode de narration original, qui mêle journal de bord et billets et commentaires de blogs.
J’ai retrouvé dans Shibari une particularité que j’apprécie dans les écrits de Josselin Manoury : l’histoire est centrée autour d’un univers spécifique, ici le shibari, qui est donné à connaître au lecteur. Une jeune femme s’initie à cet art en s’entraînant sur elle-même en secret, lorsqu’elle est seule chez elle, avec l’aide d’un « conseiller virtuel ». Elle apprend à créer des noeuds et à pratiquer des façons de s’attacher de plus en plus élaborées… jusqu’au jour où elle n’arrive pas à se délier seule. Cette histoire est peut-être ma préférée du recueil, pour plusieurs raisons : le thème, que je trouve fascinant, l’humour, et le fait que l’auteur y soit plus audacieux que d’ordinaire dans la nature des scènes érotiques décrites.
Le narrateur de Hors-charte participe à un site d’histoires érotiques. Il y lit un jour un récit qui semble inspiré d’un décès suspect duquel il a eu vent de par sa profession. L’auteur du récit paraît posséder bien plus d’informations sur l’affaire que ce qui en a été dit dans les media. Aussi, le narrateur, qui a appris que certains piliers du site se retrouvent de temps à autre IRL dans des parties fines, décide de mener son enquête. Cette nouvelle se démarque également à mes yeux par son originalité et son humour. J’ai bien aimé le côté enquête policière et, si je n’ai pas fréquenté assez assidument le site dont l’auteur s’est inspiré pour savoir si les personnages qu’il a créés font allusion à des auteurs précis, j’ai néanmoins souri en reconnaissant le site sur lequel cette histoire avait été initialement postée, dont le créateur est très attaché à sa charte, un peu trop restrictive à mon goût.
Les ouvrages de Josselin Manoury sont disponible en fomat électronique ou papier ici.