Sexualités humaines se présente, selon ce qui est indiqué sur la couverture, comme la « revue de sexologie des professionnels de santé ». Sa lecture est toutefois accessible et très profitable aux particuliers, du fait de la richesse de son contenu et de la variété des perspectives selon lesquelles les thèmes y sont abordés.
Cette revue est disponible chez les marchands de journaux, plutôt dans les rayons santé et psychologie, ou éventuellement parmi les magazines féminins. Pour ma part, j’ai déniché le numéro 6 par hasard, un jour que je farfouillais dans les magazines de cuisine, et je suis depuis devenue une fidèle lectrice.
C’est un magazine trimestriel, dont chaque numéro propose un thème central. Pour les 4 numéros en ma possession, les dossiers ont traité des thèmes suivants :
– Pourquoi la sexualité masculine est-elle si fragile?
– Dépasser les complexités du couple?
– Sexualité et gourmandise
-Questions sur l’éjaculation de l’homme et de la femme
Les dossiers sont composés de plusieurs longs articles, rédigés par des auteurs différents, de profils différents, et qui l’abordent donc selon des aspects différents. Les perspectives les plus fréquentes cependant sont celles de la psychologie, des théories freudiennes et de la philosophie. Il existe néanmoins quelques articles qui proposent une approche plus biologique, tel celui, dans le dernier numéro, qui fait un point utile sur les connaissances – ou l’absence de connaissances – à propos de l’éjaculation féminine, du point G et de la prostate féminine, sujets sur lesquels on peut entendre ou lire tout et n’importe quoi.
Outre ces dossiers trimestriels, la revue propose des articles isolés sur des sujets variés. On y trouve des discussions pratiques de cas cliniques, ainsi que des thèmes qui concernent les professionnels dans leurs pratiques mais qui peuvent aussi intéresser les particuliers en temps que sujets de société, tels que handicap et sexualité, ou bien la vie affective des femmes en situation de précarité. Certains thèmes abordés, même s’ils sont plutôt traités d’un point de vue psychologique, flirtent avec la sociologie. On peut citer par exemple le compte-rendu d’une étude de l’image du corps chez la femme voilée, ou un article sur les femmes au travail. Au nombre des auteurs des articles figure également la conseillère principale d’éducation d’un établissement francilien, qui traite du thème délicat de la sexualité des jeunes de banlieues et aborde dans le dernier numéro le sujet des tournantes.
Chaque numéro s’achève sur plusieurs articles traitant d’oeuvres musicales, et en particulier d’opéras, de films, et de thèmes historiques, ces articles présentant un lien plus ou moins lâche avec le sujet traité dans le dossier du trimestre.
C’est donc une revue qui offre à ses lecteurs un contenu très dense et très riche. Je m »étonne d’ailleurs qu’un magazine d’une telle qualité et d’une telle tenue laisse passer autant de fautes dans les articles. Mais c’est la seule critique que je vois à émettre!
En effet, pour quelqu’un qui est un peu curieux intellectuellement, cette revue est une véritable mine. J’apprends énormément de choses dans chaque numéro, et pas seulement sur des questions liées à la sexualité, puisque nombre d’articles touchent à la culture ou aux préoccupations de la société contemporaine. Par ailleurs, cet apprentissage est possible grâce à la façon très pédagogique dont sont rédigés ces articles. Je n’y connais rien en matière de psychologie et n’ai jamais compris quoi que ce soit en philosophie, n’ayant acquis des cours suivis au lycée qu’un blocage relatif à tout ce qui touche à cette discipline. En lisant ce magazine, cependant, j’ai l’impression de comprendre ce que les auteurs disent, sans plus d’effort qu’un peu de concentration, et ça me ravit.
Cependant, la lecture de cette revue ne permet pas seulement au lecteur de développer sa culture. Elle permet aussi de se poser des questions et de réfléchir aux gestes quotidiens en les abordant d’un point de vue différent et inhabituel. Ainsi, l’article que propose le dernier numéro sur la symbolique du sperme, par son approche que je trouve assez poétique, peut, à défaut de convaincre totalement, inciter néanmoins à la réflexion et à se poser des questions qu’on n’aurait pas imaginées sinon.
On y trouve également des informations beaucoup plus concrètes et pratiques. La lecture de ce magazine ne remplacera certes pas une consultation chez un sexologue pour qui a des problèmes de couple, mais elle peut donner des pistes, indiquer comment prévenir les problèmes, comment les aborder, fournir des clés pour communiquer. Je dirais qu’il aide à avoir une approche constructive de la sexualité dans le couple et, face à un problème, à savoir quelle attitude adopter et quelles pistes creuser.
Je me rappelle notamment d’un article paru dans le n°6, de l’été dernier, que j’avais trouvé particulièrement intéressant, et qui me semble assez bien résumer l’esprit de la revue. Cet article portait sur le thème classique de la construction de la sexualité de l’homme autour des clichés de la mère/vierge et de la putain. Une bonne partie de l’article était très théorique, mais néanmoins passionnante, et s’appuyait notamment sur Freud et Jung pour expliquer la construction de ces schémas dans l’esprit masculin, mais la fin était très concrète et incitait à la communication et au recours au sein du couple de jeux de rôles mettant en scène les fantasmes de l’un et de l’autre partenaire afin d’évacuer les schémas préconçus et les mettre à distance.
La revue présente encore un dernier atout non négligeable : on trouve, à la fin de chaque article, une bibliographie, parfois très fournie. Chaque numéro m’inspire donc de nouvelles idées de lectures, et ce, d’autant plus que les derniers proposent une page consacrée aux dernières publications d’essais et de guides pratiques.
Tous les numéros de la revue sont disponibles à l’achat sur ce site .
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