Riverstone est le pseudonyme d’un dessinateur, sculpteur et peintre français. Après avoir étudié l’architecture, c’est vers la bande dessinée qu’il s’est tourné pour gagner sa vie. De 1980 au milieu des années 90s, il a collaboré à plusieurs revues et a publié des albums, tels que Thamara et Juda ou Nagarya. Il s’est ensuite tourné vers l’animation 3D.
Judith et Holopherne est inspiré d’un épisode bien connu de la Bible. Je vous rappelle brièvement les faits : Nabuchodonosor, qui régnait sur les Assyriens, a demandé l’aide des peuples du Proche Orient pour combattre le roi des Mèdes. Comme ils n’ont pas répondu à son appel, une fois victorieux, Nabuchodonosor décide de les châtier. Il envoie son général Holopherne, à la tête d’une grande armée, conquérir la région, avec pour mission de massacrer tous ceux qui lui résisteraient. Holopherne accomplit sa mission et assiège la ville juive de Béthulie. Alors que tout le monde tremble de peur, une jeune veuve d’une grande beauté, Judith, se présente au camp d’Holopherne accompagnée d’une servante. Elle enjole celui-ci de belles paroles et, la nuit, restée seule avec lui dans sa tente, elle l’enivre et lui tranche la tête. L’armée d’Holopherne, privée de son chef, sombre dans la confusion et est aisément vaincue.
Riverstone nous en livre une adaptation… façon Conan le Barbare, si j’ose dire, que j’ai lue en anglais parce que c’était plus facile à trouver que la version française et que j’avais envie de découvrir cet auteur dont on m’avait dit du bien… Mais je sens que ce billet va encore me valoir un mail de Belgique agacé ou découragé!
La BD ne me semble pas à mettre entre toutes les mains, non pas en raison de son érotisme, mais parce que certaines pages sont assez gores (ceux d’entre vous qui me suivent sur l’autre blog savent que je suis une âme sensible!). Néanmoins, ce côté violent me semble assez conforme au récit original, Holopherne et son armée semblant visiblement ne pas être des enfants de choeur.
Riverstone a cependant pris quelques libertés avec sa source d’inspiration : tous les personnages, ou peu s’en faut, semblent vivre nus et Holopherne a la particularité d’être doté d’un sexe d’une taille monstrueuse dont il se sert, comme d’un glaive, pour transpercer les femmes. Il m’a évoqué un démon vengeur qui exigerait sans cesse des femmes en sacrifice. Mis à part des meurtres et du sexe, il ne se passe pas grand chose. Certains passages comportent des longueurs et il m’a semblé qu’ils auraient gagné à être plus condensés tandis que d’autres sont un peu rapides. Dans l’ensemble, je trouve que l’album aurait supporté d’être un peu plus court. L’auteur a glissé dans son récit un peu de suspense : l’attitude de Judith est assez ambiguë et je me suis surprise à me demander si elle n’était pas en train de succomber au charme de son étalon et d’oublier sa mission. Ca ne suffit toutefois pas à donner plus d’intérêt à l’histoire et on peut dire que, globalement, le scénario n’est pas le point fort de la BD, dont les dialogues sont assez plats.
Puisque j’ai commencé, en me plaignant de l’intrigue, à repartir dans mes doléances habituelles, je vais continuer : l’auteur s’est visiblement fait plaisir en dessinant des femmes superbes et en faisant en sorte de mettre leur corps en valeur, ce qui fait que, dans certaines cases, les héroïnes, et en particulier la servante, se retrouvent dans des positions totalement improbables et assez ridicules. Je dois toutefois reconnaître une chose : si les personnages masculins m’ont paru, comme chez d’autres auteurs, moins soignés que les personnages féminins, ceux-ci ont néanmoins le mérite d’être un tant soit peu appétissants, pour peu qu’on aime les cheveux longs, ce qui est heureusement mon cas! En revanche, l’anatomie d’Holopherne n’a suscité en moi que des interrogations quant aux significations freudiennes qu’il faudrait y voir.
Si je regrette que l’album soit de ceux qu’il faut lire en mettant ses neurones en veilleuse (ce qui, pour moi, est bloquant), celui-ci n’est cependant pas dénué de qualités. Ses atouts résident dans les talents de dessinateur de l’auteur. Bien souvent, j’ai eu l’impression de regarder un tableau et non un dessin. Les corps m’ont parus remarquablement réussis et les très nombreuses scènes de sexe, bien qu’elle soient relativement dépourvues d’originalité, dégagent néanmoins quelque chose, une force, une sensualité, auxquelles je me suis parfois laissée prendre et qui font que, en dépit de mon ressenti plutôt mitigé, je comprends qu’on puisse apprécier l’album, et qu’il puisse ne pas laisser indifférent.
Je viens d’aller voir quelques dessins sur le ouèbe, je n’y ai pas été sensible.
Je ne repars pas d’ici bredouille : j’avais oublié la légende. Merci pour le rappel !
Mon billet aura au moins servi à quelque chose. :-)
Je pense que beaucoup de personnes qui ont acheté du Riverstone l’achètent plus pour ses dessins que pour l’histoire car, comme le dit Marie, quand on feuillète ses albums, les cases sont de véritables tableaux.
Par contre, ses héroïnes ont souvent le même visage que l’on retrouve dans différents albums à l’exception d’ Alice de Lewis Caroll qu’il a dessiné en 1983 sur un scénario de Nikita Mandryka (scénariste et dessinateur du concombre masqué et un des membres fondateurs de l’écho des savanes). Et encore, Alice ressemble aussi à Chloé mais en version dessinée. lol
J’apprends toujours plein de choses en te lisant!
Est-ce que le fait que les héroïnes ont souvent le même visage ne pourrait pas être reproché à beaucoup d’autres dessinateurs ainsi qu’à des mangakas?
Je pense que si, beaucoup d’auteurs dessinent les femmes qu’ils ont dans leur entourage; se sont assez souvent leur femme ou, leur(s) amie(s).
Pour les mangakas, je ne sais pas, j’ai essayé plusieurs fois d’en lire et, je n’accroche pas à l’histoire, ils mettent souvent trop de temps à introduire les actions.
Pour les mangakas, je l’ai souvent observé, et pas seulement pour les femmes. Certains semblent avoir un style de personnage qui revient et dont ils déclinent des variantes.
Quand je parlais de mangakas, je voulais surtout dire mangas mais, j’ai appuyé trop vite car je devais partir…Moi, je suis plutôt hentaïs chez les japonais mais, très peu ont été traduits en français et, j’ai tout de même acheté la réédition d’ Ogenki Clinic de Haruka Inui en français mais, en sens lecture japonais. J’ai toujours du mal à m’y adapter !!!
J’avais déjà les 2 premières publications françaises éditées par Samouraï, la branche japonaise d’Albin Michel (l’écho des savanes) qui n’a pas durée très longtemps.
Moi je suis très manga, quel qu’en soit le genre, quoique je sois surtout branchée seinen. J’ai eu l’occasion de lire des extraits d’Ogenki Clinic. Je n’ai pas été particulièrement tentée, ce n’est pas trop mon genre d’humour.
Ogenki Clinic, c’est tout de même assez marrant, je l’ai même en cassette vidéo… lol
En plus, Tatasse a de sacrés arguments pour une infirmière…
Ce sont des arguments qui me laissent plutôt froide!
Comment dois je le prendre ? Tu as de petits seins ou, tu es infirmière ? lol
Personnellement, j’aime bien les gros seins mais, naturels; c’est parce que j’ai été sevré du lait maternel assez tard… 7 mois d’après ma mère. re lol
Ni l’un, ni l’autre! C’est juste que les seins, je m’en fous! :-)