Si la nouvelle a fait parler d’elle dans les media anglo-saxons, suscitant satisfaction ou indignation incrédule, elle ne semble curieusement avoir été que peu relayée en France sur la toile, si ce n’est par Sexactu, grâce à qui j’en ai eu vent.
Il y avait déjà eu des études scientifiques sur la question et de nombreuses voix s’étaient élevées pour souligner l’absence de fondement scientifique de la croyance en l’existence du point G. Celle dirigée par le Dr Amichai Kilchevsky, urologue à l’hôpital de Yale – New Haven dans le Connecticut, dont les résultats ont publiées dans le Journal of Sexual Medicine le mois dernier est cependant importante de par son ampleur. Le Dr Kilchevsky et son équipe se sont, en effet, penchés sur toutes les publications qui ont été faites à propos du point G depuis les années 50s et les ont analysées. Leur conclusion est qu’il n’existe aucune preuve sérieuse de l’existence d’un endroit de l’anatomie féminine qui pourrait correspondre à un tel point. L’utilisation de l’imagerie n’a pu mettre en évidence l’existence d’aucune structure particulière sur la paroi antérieure du vagin.
L’article en question peut être consulté ici mais l’accès est payant. Un bref résumé (en anglais, évidemment) est cependant disponible ici.
Kilchevski espère que ses conclusions rassureront les femmes qui cherchaient désespérément leur point G sans le trouver. Et j’ajouterais que ça devrait rassurer aussi ces hommes qui s’escrimaient en vain dans cette quête du Graal.
Alors que certains scientifiques essaient déjà de se raccrocher aux branches en expliquant qu’il faudrait parler de zone G plutôt que de point G, Kilchevski pense que les sensations particulières qu’on considère comme résultant de la simulation du fameux point G proviendraient de l’extrêmité du clitoris, voisine de la paroi antérieure du vagin, ce qui expliquerait la non-universalité du « point G » :
“My view is that the G-spot is really just the extension of the clitoris on the inside of the vagina, analogous to the base of the male penis »
C’est une hypothèse que j’ai déjà croisée à de nombreuses reprises dans mes lectures et qui, de mon point de vue d’ignorante, me paraît nettement plus plausible. Il conviendrait également de s’interroger sur le rôle de l’urêtre, apparemment encore mal connu, qui pourrait être responsable des fameuses éjaculations féminines. L’anatomie féminine recèle donc encore pas mal de mystères. Il est dommage qu’on en soit encore à batailler sur des légendes plutôt que de mener des études sérieuses sur le sujet.
Maïa Mazaurette conclut son article en disant :
« Mes condoléances à tous les auteurs de livres de sexo, à tous les éditeurs web et à tous les maquettistes de films porno, qui doivent maintenant refaire leurs couvertures. Du coup, ce serait bien que ça n’arrive pas trop souvent, des histoires pareilles… »
J’ai malheureusement bien peur que, vu le marché juteux que doivent représenter les guides pour trouver ce fameux point G, les sextoys spécial point G et autres produits surfant sur le même créneau, le mythe n’ait encore de beaux jours devant lui… Et puis il est tellement plus confortable d’avoir un mode d’emploi qui indique où trouver un bouton miraculeux que de devoir partir à l’aveuglette explorer le corps féminin!
Que le point G existe ou n’existe pas, qu’importe ! Du moment qu’on s’amuse à « le chercher » ! Et pas besoin de guide pour ça. d:-)
Ce que tu décris, c’est l’idéal. Et je dirais même que c’est bien plus amusant sans guide.
Mais je crois qu’il y a trop d’enjeux pour que la question soit dénuée d’importance.
pour ma part j’ai toujours « considéré » le clitoris pour exciter une compagne, et pour les adeptes de l’orgasme vaginal,à mon sens outre la « culture » c’est une sensation de « remplissage » qui le provoque, ce sont mes impressions,je ne dispose d’aucun éléments scientifiques ou histologiques;
Mais voila un mythe évanoui .
julia69
Oui, effectivement la culture semble exercer une influence importante en la matière. Je serais encline à penser que cette sensation de « remplissage » joue effectivement un rôle mais les facteurs psychologiques et la sensibilité particulière de chacun sont un facteur important mais difficile à apprécier.
N’empêche que c’est un beau mythe, non ;-) ?.
Bah non, justement, je ne le trouve pas beau, parce qu’il entretient la croyance qu’orgasme clitoridien et orgasme vaginal sont deux choses différentes et sont générés par des mécanismes distincts. Le corollaire évident, c’est d’en déduire que l’un est supérieur à l’autre. D’où Freud, Marie Bonaparte, etc…
Je trouve au contraire que l’effondrement de ce mythe est quelque chose de déculpabilisant et devrait au contraire enlever de la pression aux femmes comme aux hommes : les façons d’arriver aux plaisirs sont multiples et se valent toutes.
Pour moi, elles ne se valent pas toutes. ;)
Un orgasme vaginal (que je ne connais que depuis relativement « peu » de temps, en fait) et un orgasme clitoridien procurent des sensations totalement différentes. L’un est intense mais bref, et très localisé. L’autre est beaucoup plus puissant et irradie tout le corps.
Pas question de facteur psychologique (puisque maintenant j’arrive à le trouver avec un sextoy courbé, justement. Un droit ne fait pas pression comme il faut), j’ai bien une zone très précise, extrêmement sensible quand stimulée. Mais elle est restée inactive pendant plus de 30 ans, ceci dit. ;) Evidemment, vu que mon mari n’était pas curieux et n’y mettait pas les doigts… (vous allez tout savoir).
Je ne l’ai jamais cherché, ce « point » (cette « zone ». Bref, appelez ça comme vous voulez). En fait, un jour, j’ai découvert sa sensibilité…
En conclusion, il était un mythe complet pour moi, jusqu’à ce que je découvre de nouvelles sensations.
Je me suis mal exprimée en voulant aller trop vite.
Je suis tout à fait d’accord avec vous sur le fait que les sensations sont différentes selon l’endroit d’où l’orgasme « part ». Quand je parlais de façons d’arriver à l’orgasme qui se valaient, je parlais en terme d' »honorabilité ». C’est pour ça que j’évoquais Freud, qui considérait qu’une femme se devait d’avoir une sexualité vaginale et que l’attachement à la sexualité clitoridienne était un signe d’immaturité. Evidemment c’est dépassé, mais, si on considère l’importance que notre société attache encore à la pénétration vaginale et l’espèce de pression sociale et médiatique, à laquelle participe le mythe du point G, pour que l’orgasme soit atteint dans ce contexte, il en reste quand même un petit quelque chose. Pour moi, il n’y a pas une façon d’arriver à l’orgasme qui soit meilleure que les autres intrinsèquement. A chacun(e) de trouver celles qui lui conviennent le mieux en fonction de ses goûts et de sa sensibilité.
Pour ce qui est des facteurs psychologiques, je ne les ai pas mentionnés pour nier l’existence de facteurs physiologiques. Je voulais simplement dire que je pense que le cerveau est la première de nos zones érogènes et qu’il joue un rôle dans les sensations que nous éprouvons, les exacerbant ou les atténuant.
J’ai moi aussi trouvé cette zone extrêmement sensible que vous décrivez (que le père de mon fils n’aurait pas eu non plus l’idée d’aller chercher), mais je ne crois pas à l’existence du point G pour autant. Comme je le disais dans mon billet, l’explication comme quoi il s’agit de l’extrêmité interne du clitoris et non d’une structure vaginale me semble beaucoup plus rationnelle.
Peut être que l’erreur vient du besoin de rechercher une causalité simple dans le plaisir. Qu’il y ait une zone plus propice n’est pas impossible, mais réduire l’excitation comme la conséquence directe de la stimulation de capteurs dédiés au plaisir ne rend peut être pas compte de la complexité du phénomène.
Une amie avait exposé l’idée que le plaisir vaginal pour elle semblait venir de l’association de la stimulation de plusieurs zones, mais pas forcément en simultanée. on s’éloigne ainsi de l’idée d’une clef du plaisir comme de celle de tout mode d’emploi. il s’agit du mouvement même du passage ou de l’entremêlement des stimulations qui apporte de la richesse aux sensations. Ici pas de découpage trop net des fonctions érogènes. J’aime cette représentation presque musicale de la sensualité.
Je me souviens d’une discussion il y a fort longtemps sur le CDS où certains disaient qu’ils avaient eu beau chercher très consciencieusement, ils n’avaient jamais rien trouvé. Ce que j’ai pu lire sur le sujet qui m’a paru sérieux allait dans le même sens : cette zone propice ne se retrouve pas chez toutes les femmes. Je préfère l’idée qu’il n’y ait pas une clé universelle du plaisir, mais que chacune ait des clés qui lui soient propres. C’est plus compliqué mais aussi plus intéressant.
Oui, il y a quelque chose de musical dans l’exemple que tu cites. C’est assez poétique et plus séduisant.