« Tu sais, le beaucoup est de trop pour une femme de plus de quarante ans! »
J’ai placé ce billet sur ce blog par souci de cohérence, étant donné que c’est déjà ici que j’avais posté mon billet sur le premier roman de Gabrielle Ciam, Le train de 5h50. Ce n’est cependant pas un récit érotique, même si le sexe y occupe une place importante. Il serait pour autant dommage de passer à côté de ce récit, dans lequel j’ai retrouvé toute la grâce et la sensibilité de l’écriture de Gabrielle Ciam… Et en plus il se lit vite : il fait moins de 100 pages!
Comme Le train de 5h50, Je t’aime beaucoup a pour personnages un homme et une femme, dont on ignore les noms. Il a été pour elle plus qu’un amour de jeunesse : il a été le centre de sa vie et de ses pensées pendant 3 ans. L’action se passe 25 ans après leur séparation, alors qu’ils viennent de se retrouver par hasard. Bien que le récit soit à la troisième personne, c’est de son point de vue à elle que nous est racontée l’histoire. Leur amour est mort, elle s’en étonne, cherche à comprendre, fait appel à ses souvenirs. De ce fait, le ton du récit, dans lequel les souvenirs s’entremêlent avec les événements présents, est assez mélancolique.
Il faut dire également que leur passion a été ambivalente. Lorsqu’ils se sont rencontrés, elle n’avait pas encore 17 ans. Lui en avait 32 de plus et était un célèbre animateur de télévision. Elle était fascinée et très fière de son intérêt pour elle. Pendant 3 ans, elle a passé son temps à l’attendre, accourant dès qu’il l’appelait, lui servant de bouche-trou entre ses activités professionnelles et les femmes qui se succédaient dans sa vie. Avec le recul et la maturité, elle prend conscience des aspects sordides et du déséquilibre de leur relation. Elle peut enfin porter un jugement lucide sur lui et elle s’interroge sur ce qu’elle éprouvait réellement pour lui. Mais, en même temps, elle se remémore les moments forts, les instants de bonheur, et tout ce qu’elle a appris avec lui. C’est comme si elle déposait leurs souvenirs sur les plateaux d’une balance pour voir de quel côté elle pèse.
Et puis il y a le temps présent, dans lequel leurs rapports sont totalement différents. Elle est désormais une femme. On devine qu’elle est avocate et qu’elle a réussi professionnellement (on ignore, en revanche, tout de sa vie privée). Lui est désormais un vieil homme, ce qui lui confère une certaine fragilité et une vulnérabilité. Elle est certaine de ne plus rien éprouver pour lui et en est heureuse, mais en même temps semble se tester, regretter presque. Il suffirait de si peu de chose…
A travers cette histoire, Gabrielle Ciam nous invite à une réflexion sur l’amour et les relations amoureuses : comment elles se font et se défont. Personnages et situations sont finement analysés. En dépit de la force de certaines situations et des émotions, le récit est empreint d’une grande douceur. La plume est élégante, presque poétique. J’étais partagée entre la hâte de tourner les pages pour connaître la suite et le désir de prendre mon temps, pour déguster le récit sans en perdre une miette.
En cherchant la couverture du livre, je me suis aperçue qu’elle a écrit un troisième roman, Celui d’en face, et je suis tout heureuse de savoir qu »il m’en reste encore un à découvrir!
Gabrielle Ciam
Je t’aime beaucoup
Editions Arléa
Ah, je note, ça pourrait m’intéresser ce thème !
Oui, il te correspond tout à fait!