Une lycéenne reçoit une lettre d’un mystérieux soupirant. Elle décide de rentrer dans le jeu et une correspondance s’engage entre eux, qui enflamme ses sens. Bientôt, les échanges épistolaires ne suffisent plus à la jeune fille, qui souhaite rencontrer son amant toujours inconnu. Celui-ci accepte, mais à la condition que la jeune fille portera un bandeau à chacune de leurs rencontres.
Jean-François Mopin est professeur d’anglais. S’il s’est essayé avec Le bandeau à la littérature érotique, il est également l’auteur de romans de science-fiction.
Le bandeau est paru en 2005, et je le regrette, car c’est un roman que j’aurais aimé lire quand j’avais l’âge de l’héroïne. Non pas que j’aurais aimé suivre le même parcours initiatique qu’elle, mais je pense que, à l’époque, j’aurais adoré ce roman et j’aurais beaucoup appris en le lisant. L’éventail des pratiques évoquées y est, en effet, très large, mais surtout j’aime beaucoup le message que l’auteur y fait passer : il est important d’ouvrir ses horizons et d’élever son esprit dans tous les domaines. Une sexualité variée et riche doit aller de pair avec une vie culturelle et intellectuelle tout aussi riche. Il accorde dans le roman une place importante à la littérature, la musique, l’art, la gastronomie, tous domaines susceptibles à mes yeux de générer des émotions sensuelles tout aussi bien que le sexe. Par ailleurs, je pense que j’aurais plus apprécié le roman il y a 20 ans qu’aujourd’hui, car je lui vois maintenant des défauts qui m’auraient sans doute échappé alors.
L’histoire, sorte de conte de fées à la sauce BDSM, le mystérieux amant étant l’incarnation du prince charmant dont rêvent les jeunes filles, en plus pervers, est en effet assez naïve et peu crédible. Je regrette que la jeune fille (aucun personnage n’a de nom dans ce roman) ne fasse pas plus d’efforts pour chercher à découvrir l’identité de son amant, qu’elle ne se pose pas plus de questions, et qu’elle se prête trop facilement à toutes les aventures dans lesquelles elle est entraînée. Je regrette que les parents ne s’interrogent pas plus que leur fille et qu’ils soient d’un aveuglement assez étonnant à propos de ses activités. Et surtout l’héroïne est trop jeune et son apprentissage va beaucoup trop loin beaucoup trop vite. Puisque l’un des personnages est désigné comme « le Terminale », on peut supposer qu’elle est en seconde ou en première et n’a pas plus de 16-17 ans. Compte tenu de tout ce qu’on la voit explorer dans le roman, que lui restera-t-il à découvrir? De ce fait, la fin, que je trouve tout de même assez habile, ne m’a pas plu car je la trouve très négative. J’avais lu, il y a déjà 2-3 ans, que Jean-François Mopin envisageait d’écrire la suite du Bandeau et j’aurais été assez curieuse de voir comment il aurait fait évoluer son héroïne.
En dépit de ces faiblesses, j’ai tout de même beaucoup aimé ce roman (que j’ai même relu) et je le classerais parmi mes préférés. L’écriture est fluide et très agréable. L’histoire, même si je la trouve naïve, est bien construite et a une certaine profondeur. Même si l’idée de base du mystérieux amant parfait est difficile à avaler, le scénario est fouillé et très cohérent. La dimension psychologique, à laquelle j’attache tant d’importance et dont je déplore régulièrement la légèreté ou l’absence, est tout aussi fouillée et cohérente. Le portrait de la jeune fille me semble très réussi. Tellement réussi que je la trouve à la fois agaçante et attendrissante : écervelée, trop malléable, elle me paraît aussi bourrée de certitudes que je pouvais l’être à son âge, et trop sûre d’elle. D’un point de vue littéraire, c’est un roman de qualité.
D’un point de vue érotique, j’ai pu éprouver une baisse d’intérêt par moments, du fait qu’il y a tout de même une certaine répétitivité dans les rencontres. Toutes les pratiques décrites ne m’ont pas plu et la dernière centaine de pages est trop orientée SM hard à mon goût. Néanmoins, j’ai apprécié la progressivité de l’apprentissage, qui est, là encore, logique et cohérente et j’ai apprécié la variété et la recherche de l’originalité des scènes de sexe. J’ai également aimé que l’atmosphère qui se dégage du roman soit à la fois torride et pleine de tendresse.
En bref, c’est un roman qui n’est pas dépourvu de faiblesses mais qui compense par de belles qualités et qui est agréable à lire, plutôt par petites touches que d’une seule traite, à mon avis, et que j’ai envie de recommander chaleureusement!
Cette relecture s’est fait dans le cadre d’une lecture commune avec Martial, qui est nettement moins enthousiaste!
Bonjour!!
Ce qui m’a surtout « ennuyé » c’est comme tu le notes : » une répétitivité des scènes » et j’aurais aimé que cette relation entre l’amant et la juene fille ne soit pas bassé que sur le sexe!
Et c’est vrai qu’il vaut mieux le lire par petites touches!!
Mais je suis prèt à recommencer une lecture commeune!
Bonne semaine!
Bah oui mais si leur relation n’avait pas été basée essentiellement sur le sexe, ça n’aurait pas été un livre érotique!
La répétitivité est un obstacle qui me paraît assez difficile à contourner dans ce genre de littérature. Je trouve malgré tout que Mopin s’en sort assez honorablement. Esparbec, par exemple, est beaucoup plus répétitif.
Voici un livre qui me tentait bien et que j’avais repéré depuis un petit moment, j’hésitais entre celui-ci et le lien de Vanessa Duries…
Finalement je me laisserai peut-être tenté par les deux…
Ah, tiens, moi c’est Le lien qui me tente depuis un petit moment!
Je serais curieuse de connaître ton avis sur Le bandeau.
J’ai lu « Le Bandeau » il y a quelques temps, et « Le Lien » il y a très longtemps.
Donc d’après mes souvenirs plus ou moins proches, ce sont deux livres totalement différents. « Le Lien » se base sur du vrai, du vécu, et j’ai retrouvé l’auteur dans les lignes du livre (jeune femme que j’ai connu étudiante). J’ai aussi compris des choses sur un domaine que je ne connaissais pas du tout (et qui me faisait peur). C’est parfois dur, et peu romancé, au fond… mais au moins, la psychologie est vraie. C’est beaucoup plus SM que « Le Bandeau », dans mon souvenir, mais je l’ai lu jeune, aussi, ça doit jouer.
« Le Bandeau » m’a laissée partagée. Il faut que j’écrive un billet plus complet sur mon blog.
Je me demande si je ne suis pas blasée de mes lectures, au fond. C’est un livre assez « complet » dans le sens où il aborde divers domaines sexuels, ce n’est pas vulgaire… mais je n’ai pas trouvé les personnages attachants. J’ai trouvé l’histoire invraisemblable (contrairement au Lien) dans son déroulement, si on y pense, l’héroïne aurait dû se douter, à des détails masculins par exemple. Puis l’évolution est trop rapide pour être crédible. J’ai été passablement déçue par la « révélation » (qui, en fin de compte, ne pouvait pas être autre, certes, mais bon…) qui m’a même laissée mal à l’aise (qui plus est, la jeune fille n’aura plus rien à découvrir à sa majorité à ce rythme, quel dommage ! Il faut faire des découvertes au fil du temps et des hasards, des rencontres…)
Même si c’est un livre érotique (basé sur le sexe donc) je l’ai pris aussi pour l’intrigue. J’avais envie d’une histoire autour des scènes de sexe, pas d’un prétexte. Avec ce mystère, j’attendais une tension érotique.
Quant au côté psychologique, je trouve la jeune fille peu crédible, trop naïve sur certaines choses et en même temps, trop ouverte sur d’autres, trop vite…
Et très personnellement, j’aurais aimé que ce bandeau soit le point de départ de descriptions plus riches, pour mettre en valeur les autres sens… quelque chose de plus sensuel, oui. Les odeurs, sons, caresses…
Pour une raison que je ne m’explique pas, tes deux commentaires avaient atterri dans les spams et je viens seulement de les y repêcher.
Je suis assez d’accord, concernant Le bandeau. Je pense que la rapidité était nécessaire. Si l’évolution avait été plus lente, le livre aurait été un pavé ou l’auteur n’aurait pas pu pousser aussi loin qu’il le voulait. Pour ce qui est de la psychologie, j’ai eu l’occasion à une époque de croiser l’auteur sur internet, et je le retrouve aussi assez bien dans le livre, qui me paraît de ce fait assez cohérent.
Je n’ai pas trouvé non plus les personnages attachants, et je pense tout à fait comme toi concernant la fin. Je n’ai pas voulu trop développer pour ne pas spoiler.
Effectivement, il y aurait eu matière à faire moins SM et plus sensuel. Mais dans ce cas, l’absence de soupçons de l’héroïne concernant l’amant aurait été encore moins crédible.
Comme je l’ai dit dans mon billet, ce roman est loin d’être exempt d’imperfections mais si je le compare à ce que j’ai pu lire d’autre ces dernières années, je trouve qu’il s’en sort fort honorablement. Moi aussi je me demande si je ne suis pas blasée.
Concernant Le lien, je savais qu’il est basé sur du vrai et qu’il est beaucoup plus SM. C’est pour ça que j’ai envie de le lire. Je pense que je pourrais y apprendre des choses.